L’Observatoire de la transition socioécologique (OTSE) (1) est maître d’œuvre de l’étude partenariale « Réussir ensemble la transition socioécologique en Bourgogne-Franche-Comté », financée par la Région. Conduite sous la responsabilité scientifique de Cyril Masselot (2) responsable de l’OTSE, l’étude a pour objectif d’analyser les comportements des habitants de la région dans le contexte de la transition socioécologique.
Comment se déplacent-ils ? Comment consomment-ils ? Adoptent-ils des pratiques écoresponsables ? Sont-ils prêts à s’engager plus avant dans des changements nécessaires ?
Comment se déplacent-ils ? Comment consomment-ils ? Adoptent-ils des pratiques écoresponsables ? Sont-ils prêts à s’engager plus avant dans des changements nécessaires ?
Le recueil des données a été réalisé de février à juin 2020 auprès des habitants de la région âgés de 15 ans et plus (3). L’échantillon, stabilisé à 1 011 personnes, est représentatif de la population régionale en termes de genre, classe d’âge et répartition départementale (4).
Cyril Masselot présente les résultats de l’étude en deux volets : un premier décrit les déclarations et les pratiques (ci-après) et un second dressera une typologie des citoyens au regard de leurs comportements et des motivations qui les président.
Selon les résidents de la région, les problèmes environnementaux les plus préoccupants sont d’abord l’effet de serre, ensuite la dégradation de la faune et de la flore, puis la pollution de l’air et de l’eau. « On remarque que ce sont les problèmes qui connaissent la plus grande médiatisation – explique Cyril Masselot. A contrario, des aspects plus controversés, comme les risques dus au nucléaire, le bruit ou la dégradation des paysages sont beaucoup moins mentionnés, alors qu’ils jouent un rôle essentiel dans le bien être quotidien. »
Interrogés sous la forme d’une question ouverte sur les moyens à mettre en œuvre pour protéger l’environnement, les habitants de la région mettent particulièrement en avant des propositions d’interdiction et d’obligation. Selon le chercheur, « le point positif est que la population identifie un certain nombre d’ennemis de l’environnement (les pesticides, l’obsolescence programmée, les plastiques…). Mais on peut regretter qu’elle a encore tendance à déléguer les "solutions" en citant les lois, les aides (un peu plus les lois et interdictions que les aides d’ailleurs), les scientifiques… »
Selon les résidents de la région, les problèmes environnementaux les plus préoccupants sont d’abord l’effet de serre, ensuite la dégradation de la faune et de la flore, puis la pollution de l’air et de l’eau. « On remarque que ce sont les problèmes qui connaissent la plus grande médiatisation – explique Cyril Masselot. A contrario, des aspects plus controversés, comme les risques dus au nucléaire, le bruit ou la dégradation des paysages sont beaucoup moins mentionnés, alors qu’ils jouent un rôle essentiel dans le bien être quotidien. »
Interrogés sous la forme d’une question ouverte sur les moyens à mettre en œuvre pour protéger l’environnement, les habitants de la région mettent particulièrement en avant des propositions d’interdiction et d’obligation. Selon le chercheur, « le point positif est que la population identifie un certain nombre d’ennemis de l’environnement (les pesticides, l’obsolescence programmée, les plastiques…). Mais on peut regretter qu’elle a encore tendance à déléguer les "solutions" en citant les lois, les aides (un peu plus les lois et interdictions que les aides d’ailleurs), les scientifiques… »
Les mobilités
Pour les activités principales, la voiture est le premier moyen de déplacement cité – un recours à la voiture le plus souvent sans co-voiturage, puisque 71 % des répondants disent le pratiquer rarement ou jamais. Cependant, la marche à pied et le vélo viennent juste derrière la voiture. « On voit un certain engouement pour le vélo – note Cyril Masselot – sans aucun doute favorisé par le développement urbain et l’aménagement de pistes cyclables, qui permettent de plus en plus de relier le cœur de ville à ses périphéries. Mais il est aussi possible qu’il y ait un effet de mode et/ou un effet covid ! »
Les transports en commun sont surtout empruntés par les jeunes : 41 % de ceux qui prennent le bus/tram ont moins de 29 ans et ils sont même 86 % parmi les usagers des bus régionaux.
Les habitants de la région seraient encouragés à moins utiliser leur voiture dans leurs déplacements quotidiens d’abord par des transports en commun plus fréquents, plus proches… et moins chers, et ensuite par des conditions favorables à la pratique du vélo. Selon Cyril Masselot, ces réponses étaient relativement attendues. En revanche, que la réduction des mobilités soit citée en troisième position est plus surprenant. « C’est nouveau ! dit le chercheur. Cela pourrait laisser à penser que la crise sanitaire a permis de prendre conscience que se déplacer moins est bon pour l’environnement, un effet télétravail ! A l’inverse, on s’attendait à ce que le coût d’utilisation de la voiture ressorte nettement plus, après le mouvement des gilets jaunes. Dans les discours des gilets jaunes, il était clair que le coût du carburant notamment restreint les déplacements : on va travailler en voiture, mais on ne sort moins voire plus du tout le dimanche pour ses loisirs, voir la famille, faire du bénévolat... »
L’alimentation
Les habitants de la région restent très attachés à la grande surface pour faire leurs courses alimentaires. Cependant, elle n’est pas le lieu unique d’approvisionnement, puisqu’en moyenne trois types de commerce sont cités. Parmi eux, ceux qui se caractérisent par la proximité – commerces de proximité, producteurs et marchés locaux – tiennent une place importante, avant les discounters.
Les trois critères de choix des produits alimentaires sont le prix pour 20 % des répondants, puis la provenance (15 %) et, en troisième position, la saison (15 %). « On constate un intérêt pour le "proche" – analyse Cyril Masselot – qui débouche très peu sur une inscription à un groupement d’achat de type AMAP, puisque 85 % des répondants ne sont pas dans un tel groupement, mais qui favorise le jardinage au sens large, pour peu cependant que l’on ait un lieu à soi pour pouvoir jardiner. Une terrasse, un balcon… peut suffire pour un "petit" jardinage. »
En effet, 70 % des habitants de la région font pousser fruits, fines herbes, légumes… Parmi ces derniers, 76 % le font dans un jardin privé ou une cour et 14 % sur un balcon ; en revanche le jardin communautaire n’est cité que par 3 % des jardiniers. Et ceux qui ne jardinent pas, c’est d’abord par manque de place (avec 40 % des réponses). « C’est une part importante – commente le chercheur – qui nous intéresse particulièrement dans la mesure où cette population pourrait être sensibilisée et incitée à développer un "petit" jardinage dans un petit espace, de type balcon… ».
Après le manque de place, les raisons invoquées sont le manque de temps (18 %) et de connaissances (18 %). A noter que l’élevage d’animaux destinés à la consommation est marginal, pratiqué par seulement 8 % des répondants. Selon Cyril Masselot, « les contraintes de l’élevage – le temps nécessaire, les soins, les solutions à trouver en cas d’absence etc. – expliquent sans doute cette faible proportion ».
Les trois critères de choix des produits alimentaires sont le prix pour 20 % des répondants, puis la provenance (15 %) et, en troisième position, la saison (15 %). « On constate un intérêt pour le "proche" – analyse Cyril Masselot – qui débouche très peu sur une inscription à un groupement d’achat de type AMAP, puisque 85 % des répondants ne sont pas dans un tel groupement, mais qui favorise le jardinage au sens large, pour peu cependant que l’on ait un lieu à soi pour pouvoir jardiner. Une terrasse, un balcon… peut suffire pour un "petit" jardinage. »
En effet, 70 % des habitants de la région font pousser fruits, fines herbes, légumes… Parmi ces derniers, 76 % le font dans un jardin privé ou une cour et 14 % sur un balcon ; en revanche le jardin communautaire n’est cité que par 3 % des jardiniers. Et ceux qui ne jardinent pas, c’est d’abord par manque de place (avec 40 % des réponses). « C’est une part importante – commente le chercheur – qui nous intéresse particulièrement dans la mesure où cette population pourrait être sensibilisée et incitée à développer un "petit" jardinage dans un petit espace, de type balcon… ».
Après le manque de place, les raisons invoquées sont le manque de temps (18 %) et de connaissances (18 %). A noter que l’élevage d’animaux destinés à la consommation est marginal, pratiqué par seulement 8 % des répondants. Selon Cyril Masselot, « les contraintes de l’élevage – le temps nécessaire, les soins, les solutions à trouver en cas d’absence etc. – expliquent sans doute cette faible proportion ».
La consommation d’énergie
Les sources d’énergie renouvelables sont peu implantées dans les logements de la région : 74 % des répondants n’en utilisent pas. Cependant, une part importante des habitants est attentive à sa consommation d’énergie, en adoptant systématiquement ou souvent des comportements économes : privilégier l’extinction des équipements électriques au mode veille, limiter les températures des appareils électroménagers et du chauffage, installer des ampoules basse consommation… La différence de proportion entre « attentifs » et « non attentifs » est suffisamment marquée pour souligner un éco-geste bien ancré dans les pratiques quotidiennes. Et cela sur la plupart des postes de consommation courante, à l’exception toutefois des usages du numérique. « Il est possible – explique Cyril Masselot – que la question ait été mal comprise : le numérique arrive après des propositions dans lesquelles on distingue éteindre et mettre en veille, le terme de "adapter" a pu être pris dans le sens de "éteindre". Notons aussi une assez faible conscience de ce que consomme le numérique. Adapter voulait dire avoir des pratiques relativement sobres, parce qu’il y a des usages plus consommateurs que d’autres : faire une visioconférence avec sa caméra allumée tout le temps est très consommateur, alors que s’entendre peut souvent suffire. Envoyer un mail consomme autant d’énergie que chauffer une tasse de thé… Cela est visiblement encore méconnu du grand public… »
Les motivations à réduire sa consommation énergétique répondent pratiquement autant au souhait de faire des économies financières (pour 35 % des répondants) que de faire « un geste pour la planète » (31 %) et éviter le gaspillage (30 %).
Les déchets
Réduire ses déchets dans la vie quotidienne est un geste facile pour 70 % des habitants de la région. Dans le même temps, 61 % affirment produire trop de déchets. « On a là une contradiction, comme on en observe dans beaucoup d’autres domaines ! – précise le chercheur – qui souligne que la mise en pratique effective de comportements écoresponsables n’est sans doute pas aisée ni entièrement enclenchée. »
Le tri est vu comme la première action susceptible de réduire les déchets. Il constitue d’ailleurs l’éco-geste le plus répandu en Bourgogne-Franche-Comté : au moins 90 % des habitants déposent au recyclage emballages, verre et vieux papiers et 80 % ampoules et batteries. « Et on fait confiance au "système" – commente Cyril Masselot – en lui déléguant le véritable recyclage, par ailleurs controversé. »
Les résidus alimentaires constituent la catégorie de déchets la moins bien triée. « Le compostage – reprend le chercheur – est surtout pratiqué par ceux qui ont un petit bout de terrain. Les composts collectifs au pied des immeubles par exemple connaissent un développement plus difficile, parce que les contraintes sont plus importantes. »Outre le tri, les personnes interrogées ont conscience que d’autres actions contribuent à la réduction des déchets, telles que : éviter les produits sur-emballés (cité par 67 % des répondants), éviter le gaspillage (64 %), diminuer les achats inutiles (59 %), ne pas remplacer des objets qui fonctionnent encore (54 %), acheter en vrac (53 %). « Ce sont des réponses importantes – poursuit le chercheur – qui dépassent la question des déchets et touchent profondément à notre façon de consommer, et par là-même à notre mode de vie. Même si on peut supposer qu’il existe encore un décalage avec les pratiques, on voit bien qu’une partie au moins de la population a conscience des pistes à emprunter pour aller collectivement vers la transition, une transition nécessairement multi-variables. »
Cyril Masselot rappelle que la transition recouvre un ensemble de transformations articulées entre elles, qui touchent toutes les dimensions de la vie en société : s’alimenter, échanger, vivre ensemble, s’instruire. C’est la raison pour laquelle il est nécessaire d’évaluer les capacités des populations, des collectivités et du monde socio-économique à s’engager pleinement dans ces mutations et d’identifier les leviers sur lesquels les politiques publiques peuvent s’appuyer pour y parvenir. Ces aspects feront l’objet du second volet des résultats de l’étude OTSE. Résultats à suivre…
(1) L’OTSE est une opération du programme « ORTEP Revitalisation - Observer, analyser et accompagner la revitalisation territoriale » développé à la MSHE et financé par la Région Bourgogne-Franche-Comté.
(2) Cyril Masselot est chercheur en sciences de l’information et de la communication, directeur adjoint du laboratoire CIMEOS.
(3) Sur le déroulement de l’étude, lire « Réussir ensemble la transition socioécologique en Bourgogne-Franche-Comté ».
(4) Le niveau de confiance est de 95 % pour une marge d’erreur de 3 %.
Réalisation des graphiques : Noémie Charve
Réalisation des graphiques : Noémie Charve
Articles associés