La MSHE apporte un soutien logistique à l’Observatoire des forêts sentinelles de Franche-Comté, mis en place après plusieurs années de sécheresse. Le projet de recherche, qui associe les laboratoires Chrono-environnement et ThéMA (1), prend en compte l’écosystème forêt pour mieux analyser les phénomènes de dépérissement. Pour cela, les chercheur·es délimitent des « placettes permanentes » qui nécessitent une géolocalisation extrêmement précise. Les premiers essais de géolocalisation réalisés avec des GPS classiques n’avaient pas donné les résultats escomptés. En juillet, Loïc Angonin et Sébastien Nageleisen (2) ont utilisé le récepteur GPS différentiels par satellite Stonex de la MSHE en forêts de Chaux et de Chailluz, « ce qui a permis d’améliorer de manière significative l’acquisition des données, au point désormais de pouvoir travailler à l’échelle de l’arbre ce qui offre de nouvelles perspectives de recherche » explique Loïc Angonin.
Présentation du projet Observatoire forêts sentinelles Franche-Comté par Carole Bégeot et Sébastien Nageleisen
Le contexte :
Quatre années de sécheresse consécutives ont gravement impacté les forêts tempérées mixtes qui présentent dans certains endroits un état sanitaire alarmant : certaines espèces comme le hêtre ou le sapin ont lourdement pâti du manque d’eau ; d’autres, comme l’épicéa ou le frêne et, maintenant l’érable, ont en plus subi des attaques parasitaires dévastatrices. La physionomie de nos forêts s’en est trouvée profondément transformée ce qui a suscité une sorte de sidération auprès des différents acteurs de la forêt qui dès lors doivent faire face à des choix de gestion très difficiles.
Les objectifs de l’Observatoire :
A l’échelle de l’arbre, les mécanismes physiologiques qui conduisent au dépérissement des différentes essences dominantes de nos forêts sont relativement bien connus. Toutefois la compréhension des phénomènes de dépérissement doit dépasser l’échelle de l’individu pour s’intéresser à l’écosystème forêt tout entier afin de mesurer l’impact que ces événements peuvent avoir sur l’ensemble de la biodiversité et comprendre les interactions qui se mettent en place entre les différentes composantes. Il s’agit là de trouver des réponses quant aux capacités de résiliences de ces milieux. Dans ce but un observatoire à long terme (sur les 15 prochaines années) a été mis en place en région Franche-Comté pour faire un suivi des principaux paramètres qui caractérisent et composent les différents compartiments forestiers. Trois essences indigènes focalisent plus particulièrement notre attention dans la mesure où elles subissent actuellement un préjudice majeur à savoir le hêtre, le sapin et l’épicéa. Les placettes qui font l’objet de ce suivi sont représentatives de l’hétérogénéité forestière à l’échelle locale et régionale. Le suivi prend en compte des indicateurs stationnels et populationnels, des caractères biotiques et abiotiques, le but étant de mesurer en un même endroit et sur le temps long (10 ou 15 ans) un maximum de paramètres susceptibles d’expliquer la mortalité et l’adaptabilité des arbres en réponse au changement du climat.
En plus de fournir des données scientifiques fiables pour contribuer à la compréhension du fonctionnement de l’écosystème forestier et sa dynamique sur le moyen terme, ce dispositif se veut être un élément clé pour l’apprentissage des sciences environnementales aux étudiants franc comtois.
La méthode des placettes :
La délimitation des placettes permanentes, de 30m de large sur 180m de long, découpées en quadrats de 15mx15m, repose sur le croisement d’informations concernant le type de station forestière, la composition et l’état sanitaires des essences, le régime sylvicole et la topographie.
(1) Chrono-environnement et ThéMA sont des laboratoires fédérés à la MSHE. Le projet Observatoire des forêts sentinelles de Franche-Comté est porté par Carole Bégeot, enseignante-chercheuse à Chrono-environnement
(2) Loïc Angonin est technicien à Chrono-environnement ; Sébastien Nageleisen est enseignant-chercheur à ThéMA.
Photo de une : Loïc Angonin et Sébastien Nageleisen © Carole Bégeot
Photo de droite © Carole Bégeot