Dans le cadre de la plateforme technologique expérimentale PlaeTEx, dédiée aux artisanats anciens des arts du feu – plateforme portée et coordonnée par Valérie Pichot, ingénieure de recherche CNRS à la MSHE – les premières expérimentations se sont déroulées sur le site du théâtre antique de Mandeure (Doubs) du 1er au 12 avril 2024, en collaboration avec le Syndicat Intercommunal à Vocation Archéologique de Mandeure-Mathay (avec Pierre Mougin), Evéha international, LabCom Geo-heritage (avec Christelle Sanchez) et l’association Togirix (1), ainsi que la participation d’étudiants en 3e année de licence et master archéologie des universités de Franche-Comté, Bourgogne, Aix-Marseille et Strasbourg.
Une dizaine de personnes étaient réunies lors de cette mission pour commencer les expérimentations correspondant à trois des axes de recherche développés au sein de la plateforme PlaeTEx. Trois axes de recherche indéniablement fédérateurs et qui concernent l’ensemble des artisanats des arts du feul
- les combustibles et les structures de combustion,
- la spatialisation des ateliers et des vestiges laissés par les activités artisanale
- Le comportement des matériaux après enfouissement et les altérations des structures et mobiliers archéologiques.
Expérimentations sur les combustibles et structures de combustion :
Des charbonnières en tonneau ont été mises en fonction par Rémy Jeannot (2), afin de produire du charbon de différentes essences (hêtre, chêne, coudrier…), qui seront ensuite testés en forge et dans différents types de four de verrier, suivant des protocoles définis. Ces derniers prendront en compte les mesures de temps, de température et l’étude des résidus, afin d’observer les comportements des différentes essences en fonction des activités, des températures à atteindre, des temps de chauffe, des structures de combustion et de certains éléments extérieurs, comme la température ou l’hygrométrie.
Expérimentations sur le comportement des matériaux et leurs altérations :
Des mesures géophysiques ainsi que des prélèvements des différents matériaux de construction ont été effectués par Christelle Sanchez et Lisa Klein (étudiante en master à l’université de Strasbourg), avant que l’équipe ne s’attèle à la construction d’un bâtiment. Les mesures géophysiques prises amorcent l’acquisition des données dans le cadre de l’axe de recherche sur la détérioration et l’altération des matériaux. L’objectif est de mesurer l’évolution du signal magnétique lors du processus de chauffe lié aux pratiques artisanales. Cette démarche expérimentale doit aboutir à la création d’un référentiel visant à caractériser les structures anciennes détectées sur les sites archéologiques (3).
Expérimentations autour de la spatialisation des ateliers et des vestiges laissés par les activités artisanales :
Cet axe de recherche est abordé avec la construction d’un petit bâtiment en bois/torchis, destiné à abriter un atelier de verrier, devant lequel sera positionné un espace de forge.
Si la structure du bâtiment n’a pas de valeur véritablement archéologique, bien qu’elle soit sur poteaux et totalement assemblée à la main à tenon et mortaise (c’est-à-dire sans élément de fixation), ce sont les murs en torchis et clayonnage qui ont été l’objet de l’expérimentation.
Au sein de cet espace viendra prendre place un four de verrier à bois à trois postes de travail, ainsi que plusieurs petits fours de verriers à charbon, dont un a été construit durant la mission par Emma Jung, étudiante en master à l’université Aix-Marseille.
Ce temps d’expérimentations a aussi été l’occasion d’initier les étudiants de licence et master au travail de la forge avec Rémy Jeannot, et à la fabrication de perles en verre dans un petit four de verrier à charbon avec Emma Jung et Valérie Pichot.
Prochaine étape à partir du 29 avril : finaliser le montage des murs en torchis et du toit de l’atelier, construire le four de verrier à bois avec l’aide de Florence Cerbaï de l’atelier Cobalt (4) dans le bâtiment ainsi que l’espace de forge à proximité.
(1) Pierre Mougin est archéologue intercommunal, chercheur associé au laboratoire Chrono-environnement ; Evéha International est un bureau d’études spécialisé en archéologie à l’international ; Christelle Sanchez est géophysicienne topographe chez Evéha International et contribue au LabCom (pour laboratoire commun) Géo-heritage, co-porté par Archéorient-Environnement et sociétés de l’Orient ancien (Lyon 2/CNRS) et Evéha International, spécialisé dans les méthodes géophysique, géomorphologie et géomatique pour l’archéologie ; l’association Togirix est dédiée à la médiation et le développement de l’archéologie du geste à Mandeure-Mathay
(2) Rémy Jeannot est ingénieur d’étude CNRS contractuel pour le projet PlaeTEx
(3) Evéhal international a publié un post sur leur page facebook le 11 avril https://www.facebook.com/EvehaInternational
(4) L’atelier Cobalt est spécialisé dans l’archéologie du verre (démonstration, expérimentation, fabrication…)
Article associé
PlaeTEx, une plateforme d’expérimentation des arts du feu anciens