L’action de recherche Terrifer, portée par Marion Berranger, Matthieu Thivet et Pierre Nouvel (1), vise à restituer l’ampleur de l’exploitation sidérurgique en Bourgogne-Franche-Comté des âges du Fer jusqu’au Moyen âge, en déterminant la localisation des ateliers, les volumes, les qualités des matériaux exploités, les flux régionaux et extra-régionaux d'échanges.
C’est dans ce cadre qu’ont été réalisés des relevés LiDAR par trois ingénieurs – Quentin Verriez, Yuji Kato et Matthieu Thivet – sur une dizaine de sites de production métallurgique de l’âge du Fer, aujourd’hui situés en forêt. L’objectif était de topographier précisément les sites archéologiques, déjà connus grâce à des prospections antérieures. Explication de Quentin Verriez : « par des objets trouvés ou par la configuration des lieux, c’est-à-dire un terrain accidenté, un talus d’extraction, etc., on sait reconnaître une exploitation sidérurgique ancienne. Mais son ampleur est difficile à reconnaitre visuellement, au sol ou même par photo aérienne, à cause de la végétation dense de la forêt. D’où l’intérêt de la technologie LiDAR embarquée sur drone. » Le faisceau laser du capteur LiDAR (Light Detection and Ranging) aéroporté, en traversant le couvert forestier, permet d’effectuer des relevés topographiques très précis sur de grandes surfaces, et ainsi de caractériser les sites de production.
Matthieu Thivet et Yuji Kato, tous deux télépilotes, ont réalisé une trentaine d’acquisitions, soit environ 520 hectares, avec le drone DJI matrice 300RTK de la MSHE (3) au printemps dernier, que Quentin Verriez a ensuite traitées.
Le traitement des données comprend pour chacun des sites survolés trois étapes principales :
- Constituer le nuage des points altimétriques. Le drone, qui exécute un plan de vol prédéterminé, effectue les relevés par bande. Ces bandes doivent être recalées entre elles pour obtenir un premier nuage de points, qui permettra ensuite de décrire la topographie du site
- Classifier les points permet de distinguer ce qui relève du sol et de ce qui relève de la végétation, pour ensuite conserver les seuls points du sol
- Traiter visuellement le nuage de points afin de faire ressortir les vestiges archéologiques visibles dans le relief actuel.
« Au total pour l’ensemble des sites – précise Quentin Verriez – j’ai traité environ 200 gigas de données, qui sont à présent sur lecloud de la MSHE, prêtes à être exploitées et interprétées par l’équipe Terrifer. »
L’ensemble des données acquises dans le cadre de l’action recherche permettront aux chercheur·es de mieux connaitre les sociétés anciennes, leurs savoir-faire et leur rayonnement socio-économique.
(1) Marion Berranger est ingénieure de recherche en archéométrie (LMC-IRAMAT), Matthieu Thivet est ingénieur de recherche en archéologie (Chrono-environnement, MSHE), Pierre Nouvel est professeur d’archéologie (ArteHIS).
(2) Quentin Verriez a été recruté pendant six mois pour réaliser ces traitements. Yuji Kato est géomaticien à la MSHE.
(3) La MSHE développe depuis plusieurs années une expertise en matière de télédétection aéroportée. Voir le site Télédétection 3D