GTV – Groupe de travail sur la vulnérabilité
Réseau de recherche
Contacts
Membres du réseau
Rose-Angélique Belot (PU psychologie, Laboratoire de psychologie UR 3188)
Vincent Bourdeau (MCF HDR en philosophie sociale et politique, Logiques de l’agir, UR 2274, DUA de la MSHE)
Séverine Equoy-Hutin (PU sciences du langage, ELLIADD UR 4661)
Benoît Géniaut (MCF HDR en droit du travail, CRJFC UR 3225)
Laure Nuninger (CR CNRS archéologue, chargée de mission sciences-société et interdisciplinarité à la MSHE, Chrono-environnement UMR 6249)
Lucas Peutot (doctorant en philosophie, chargé de mission à l’IPVS, Logiques de l’agir UR 2274)
Emilie Saunier-Pilarski (MCF en sociologie, ELLIADD UR 4661)
Nathalie Thamin (MCF sciences du langage, CRIT UR 3224)
La vulnérabilité est un concept voyageur en sciences et sciences humaines et sociales. On le retrouve dans la littérature biologique, écologique, médicale, sociologique, philosophique, historique et archéologique, etc. Depuis quelques années, en particulier dans le sillage des études du soin (théories du Care), il est devenu courant de voir dans la ou les vulnérabilités moins des faiblesses qu’il faudrait surmonter en les éradiquant que des propriétés constitutives des êtres (vivants ou non vivants) dont il s’agit de tenir compte pour construire des formes de l’action (médicale, politique, écologique, juridique etc.) aptes à susciter des équilibres durables entre les êtres.
Cette approche s’appuie sur le constat que le paradigme de la crise a cédé la place à celui de la vulnérabilité, en relativisant sans doute l’ambition d’une compréhension systémique et unifiée des sociétés dites en crise. Le résultat de cette désinflation théorique invite à un pluralisme méthodologique associé à la conclusion qu’il est devenu impossible de réduire la complexité du réel à une explication synthétique et unique. Cette évolution conduit à reconnaître le caractère multifactoriel des crises et l’existence d’histoires parallèles souvent en décalage qui les caractérisent. Le changement de paradigme invite enfin à retravailler la manière de décrire nos sociétés, leur profondeur historique et leur devenir jusqu’à se passer, peut-être, du concept de crise et, parallèlement, aux concepts qui lui sont associés : croissance, développement, autonomie, accomplissement, contrôle ou maîtrise. C’est ainsi plutôt du côté de la reconnaissance de la vulnérabilité qu’il est possible de reconsidérer ces « crises » : climatiques et environnementales, politiques, économiques et sociales, de l’éducation, des systèmes de santé, etc.
À cette évolution, il convient donc d’apporter toute l’attention de la recherche en sciences humaines, sociales, environnementales – et d’autres domaines encore – avec une exigence d’interdisciplinarité qui doit permettre d’inventer des modalités de recherche et les formes de sa représentation dans une approche ouverte aux acteurs sociaux (citoyen·ne·s, associations, collectivités territoriales, institutions…) qui suscitent une forme de transdisciplinarité, aptes à retraduire la force des faiblesses qui nous constituent.
Suite aux discussions au sein de l’établissement (uFC) et après l’abandon d’une réponse à l’AMI SHS qui n’intégrait pas dans son périmètre un projet sur la ou les vulnérabilités, la MSHE a été invitée à poursuivre la réflexion et à animer un groupe de travail sur la vulnérabilité, réunissant des scientifiques des unités fédérées dans la MSHE qui le souhaitaient, la question des vulnérabilités demeurant un axe structurant des SHS dans la nouvelle forme que prendra l’établissement au sein de l’EPE Marie et Louis Pasteur.
Cette réflexion prend place dans un écosystème régional très riche où se rencontrent :
1) la création d’un Institut pour la Prévention des Vulnérabilités liées à la Santé (IPVS) dont Vincent Bourdeau, au titre de la MSHE, est membre du Conseil d’administration (Collège 2 : professionnels de la recherche, de l’enseignement et de la formation). Cet Institut a pour projet, entre autres, de créer un « Observatoire des vulnérabilités » mais aussi de mettre en œuvre une clinique expérimentale qui proposerait une autre manière d’accompagner les patients et leurs familles dans l’épreuve de la maladie. Il s’agit là d’un projet qui permet de mettre en relation des associations, des professionnels et des chercheurs-chercheuses.
2) la conduite de projets de recherches sur la question de la vulnérabilité, bien souvent inscrits dans le périmètre de la MSHE : par exemple, et sans volonté ici d’être exhaustif, « VFE - Vulnérabilité des familles et des enfants en protection de l’enfance »
3) une pratique déjà ancienne de réflexion collaborative sur le concept de vulnérabilité dans le cadre des ateliers de réflexion sur les concepts transversaux en science sociale (séance du 28 mai 2019, voir ici)
C’est donc dans ce quadruple contexte (une structuration des SHS à l’échelle de l’établissement, des relations interinstitutionnelles, un travail de réflexion en amont, des projets de recherche déjà en cours) qu’a pris forme la constitution d’un réseau – pour le moment à l’échelle locale – de chercheurs et chercheuses pour mener des réflexions croisées sur la vulnérabilité.
Ce réseau est pour l’heure constitué de huit chercheurs et chercheuses venu·e·s de disciplines distinctes et de différents laboratoires SHS fédérés à la MSHE. Il vise à assurer une veille sur l’activité SHS liée à la question de la ou des vulnérabilités ; à animer des ateliers et séminaires sur la question ; à fédérer les chercheurs et chercheuses qui souhaiteraient s’engager sur ce terrain.
Illustration : © Alice Favory
Vie du réseau
05 décembre 2024 : première séance du séminaire tournant, avec Julie Dugne, « La vulnérabilité en droit : contours d'une notion », UFR SJEPG
20 novembre 2024 : atelier « De nouvelles formes graphiques afin de mieux comprendre les vulnérabilités en action sociale et sanitaire-sociale »
4-5 juillet 2024 : journées d'étude « La participation des familles et des enfants : méthodes, pratiques, enjeux »
6 février 2024 : séminaire « Documenter et donner forme à la vulnérabilité »