Les incendies de végétation font partie intégrante de la dynamique naturelle des écosystèmes terrestres. Depuis des millénaires le feu contribue à façonner les environnements. Les groupes humains l’utilisent depuis la Préhistoire par exemple pour défricher des espaces ou entretenir des pâtures. Étudier l’histoire du feu permet de documenter ses impacts sur les écosystèmes. Et c’est à cet objectif que concourt la base de données Global Paleofire Database qui est désormais hébergée à la MSHE Ledoux, après plusieurs années chez un prestataire privé.
La Global Paleofire Database contient environ un millier d'archives temporelles de l'histoire des feux, qui représentent autant de sites d'études répartis à la surface du globe terrestre. Ces séries chronologiques sont construites à partir d'indicateurs sédimentaires (par exemple des charbons de bois microscopiques) des feux passés et documentent les 100 mille dernières années de l'histoire de la terre - la majorité des données concernent les 10 derniers millénaires soit depuis la naissance de l'agriculture et l'utilisation du feu dans les pratiques agro-pastorales. La base contient actuellement 172 000 observations et mesures, offrant ainsi à la communauté scientifique matière à explorer les relations entre feu, activités humaines, climat et écosystèmes, sur différentes échelles d’espace et de temps.
La Global Paleofire Database est gérée par un groupe international de chercheurs – International Paleofire Association – présidé par Boris Vannière, directeur de recherche CNRS au laboratoire Chrono-environnement et responsable du pôle de recherche « Interactions homme – environnement » de la MSHE. En 2014 Boris Vannière a piloté le développement d’une interface web (1) selon les principes de la science ouverte. Cette dernière permet un accès permanent, un formatage et une sécurisation des données, ainsi qu’une alimentation de la base directement par les chercheurs, et enfin la diffusion des données via un accès libre sur internet sous le nom des auteurs. Aujourd'hui la base de données et l'interface de gestion en ligne sont hébergées sur les serveurs de la MSHE au sein du réseau de l'université de Franche-Comté. La MSHE, avec sa plateforme technologique SHERPA (2), apporte compétences et infrastructures appropriées à un avenir durable et libre d'accès à ces données de recherche, réunies dans un outil thématique attractif et visible, fruit d'une collaboration internationale ouverte à tous. Au sein de SHERPA, les ingénieurs Yuji Kato et Ernest Chiarello (3) ont réalisé la mise en place de la base de données et des systèmes supports associés. Pour cela ils ont dû rapatrier les programmes et données sur le réseau de l’université depuis l’hébergeur privé où elles étaient jusque-là. Ils ont également optimisé les programmes et composantes de sécurisation et de visualisation de la base. Yuji Kato a notamment développé un menu d’aide à la saisie et a substitué des outils libres aux outils propriétaires pour générer les cartes de localisation des données.
Ce nouvel hébergement sur un réseau public est un préalable pour que la base accède à terme au statut d'archive internationale pérenne des données de la recherche et garantit un accès libre et durable à tous, chercheurs, gestionnaires et décideurs.
(1) Avec le soutien du Programme International PAGES (Past Global Changes) et de la Région Franche-Comté.
(2) SHERPA pour « sciences de l'homme et de l'environnement - ressources, partage, accompagnement »
(3) Yuji Kato est ingénieur d’études en géomatique à la MSHE et Ernest Chiarello est ingénieur de recherche en informatique au laboratoire ThéMa et co-responsable de la plateforme SHERPA de la MSHE.