Tristan Millot, professeur de psychologie à l’université du Quebec, a été invité par le Laboratoire de psychologie à donner une conférence sur ses travaux de recherche autour des traumas psychologiques (1). La conférence, qui s’est tenue le 19 septembre 2019, s’inscrit dans l’action « Vulnérabilités des familles et des enfants en protection de l’enfance » portée par Michel Boutanquoi dans le pôle 3 « Normes, pratiques et savoirs » de la MSHE. Elle a réuni des chercheurs, des étudiants et nombre de professionnels travaillant dans des institutions éducatives.
Tristan Milot a dans un premier temps présenté des éléments conceptuels sur les traumas psychologiques. Il a ainsi distingué les traumas dits « de type 1 », liés par exemple à une agression et dont les conséquences peuvent être un trouble de stress post-traumatique, et les traumas dits « de type 2 », liés à des épreuves répétées sur une longue durée (tels les abus sexuels, violences, négligences), qui affectent le développement de manière complexe et envahissante. Ces traumas sont la cause de difficultés d’adaptation psychosociale, de troubles mentaux. Les enfants, les adolescents qui ont subi ces traumas présentent des risques élevés de « revictimisation », de « retraumatisation ».
Dans un deuxième temps, Tristan Milot s’est attaché à donner des éléments de réponse à la question : pourquoi les institutions doivent-elles être attentives aux traumas, traumas complexes, traumas interpersonnels ? Il évoque alors trois raisons : d’abord ces traumas sont plus fréquents qu’on ne le pense ; ensuite, ils ont des conséquences multiples sur la personne et son environnement ; enfin, ils ont un impact sur l’efficacité des services et des soins. Pour être sensible aux traumas, une organisation a la nécessité de réaliser l’ampleur du phénomène, de reconnaître combien ils affectent non seulement l’enfant, l’adolescent, sa famille mais aussi les équipes et de proposer des interventions spécifiques. L’institution doit « résister » à retraumatiser. Intervenir auprès de personnes traumatisées s’avère donc difficile, exigeant et souvent exténuant. Les équipes peuvent être déstabilisées et excédées.
Tristan Milot a terminé sa présentation en donnant quelques exemples d’interventions spécifiques qui visent en premier lieu à établir un climat de sécurité.
Les questions et remarques qui ont suivi la présentation ont montré l’écho qu’a rencontré chez les participants, et particulièrement les professionnels, une approche fondée sur de nombreux travaux de recherche et un travail de terrain important.
(1) Tristan Millot a dirigé avec Delphine Collin-Vézina et Natacha Godbout l’ouvrage Trauma complexe : comprendre, évaluer et intervenir paru en 2018 aux Presses de l’université du Québec.
(1) Tristan Millot a dirigé avec Delphine Collin-Vézina et Natacha Godbout l’ouvrage Trauma complexe : comprendre, évaluer et intervenir paru en 2018 aux Presses de l’université du Québec.