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Retour sur un séminaire au format exploratoire autour du cadre théorique de Path dependence

actu20180313 RetourseminairepathdependenceLe séminaire « comment analyser le changement dans les systèmes territoriaux ? Regards croisés sur le concept de Sentier de dépendance / Path dependence » s’est tenu le 6 février 2018 à la MSHE Ledoux. Il était organisé par Laure Nuninger, archéologue et responsable du pôle « Dynamiques territoriales » de la MSHE, Nathalie Kroichvili, économiste, et Christian Guinchard, sociologue, tous deux responsables d’une opération dans le cadre de l’action de recherche « ORTEP revitalisation (1) ». Ce séminaire de travail résolument interdisciplinaire a adopté un format quelque peu original, centré sur un concept - celui de Path dependence - et prenant appui sur une lecture collective et pluridisciplinaire de quatre articles scientifiques. Il s’inscrit dans une dynamique plus large de réflexion théorique sur les territoires et vise à renforcer les discussions interdisciplinaires entre chercheurs travaillant sur ces questions dans la longue durée (2), au sein de la MSHE et des laboratoires fédérés.
 
Le séminaire a rassemblé quatorze participants (chargés de recherche, maître de conférences, professeurs et une doctorante), venant de disciplines variées (archéologie, économie, géographie, sociologie, philosophie, histoire, sciences politiques). Tous avaient au préalable reçus les quatre articles (3), publiés par des auteurs extérieurs aux participants. Ces derniers s’étaient engagés à les lire avant le séminaire, afin de rendre fructueux les échanges. Un binôme interdisciplinaire de chercheurs a introduit chaque article et animé la discussion qui s’en est suivie. Ce format exploratoire s’est avéré un espace de débats riches et dynamiques. Et le concept de Path dependence s’est particulièrement bien prêté à cet exercice. En effet, abord issu de l’économie des changements technologiques et de l’innovation, puis popularisé par les sciences politiques avant d’être transféré à d’autres disciplines, il est notamment mobilisé pour appréhender l’évolution des territoires. Il a donc constitué le point d’entrée d’une discussion sur le changement, les concepts et théories afférentes, ouvrant des échanges scientifiques de fond, qui ont permis de comprendre le positionnement de chacune des disciplines et d’élaborer une critique constructive. Le débat interdisciplinaire a permis une réelle compréhension de la genèse et de l’utilisation de ce cadre théorique de Path dependence par chacune des disciplines en jeu : celui-ci est interprété et mobilisé de manière très différenciée, voire non mobilisé par certaines disciplines (comme l’histoire). Mais la discussion a surtout donné l’opportunité d’identifier ses faiblesses et de conclure qu’il n’était sans doute pas opérant en l’état pour traiter des questions qui occupent les chercheurs au sein du pôle 1. Néanmoins, la discussion de fond qu’il a suscité a ouvert des perspectives de réflexion pour d’autres séminaires et elle s’est avérée essentielle pour construire un cadre analytique interdisciplinaire structurant apte à répondre aux problématiques complexes auxquelles font face les chercheurs.

S’il reste quelques points à améliorer – par exemple limiter la discussion à trois articles et travailler plus en amont sur leur choix afin d’avoir une meilleure représentation disciplinaire – les chercheurs présents ont trouvé ces échanges interdisciplinaires stimulants intellectuellement et ils ont particulièrement apprécié cet espace de débat ouvert et constructif. Les « binômes » qui ont préparé le séminaire ont souligné l’intérêt des échanges qu’ils ont eus en amont, véritable opportunité de « rencontrer » une autre discipline. L’expérience – propice à la coopération scientifique – sera donc renouvelée, en alternance avec des séminaires d’un format plus classique au cours desquels un chercheur présente ses travaux (4). Rendez-vous à l’automne pour une prochaine rencontre interdisciplinaire, qui portera sur la notion de revitalisation ou les questions de transition et de vulnérabilité – questions qui ont émergé lors des débats tenus le 6 février.

(1) L’action de recherche ORTEP revitalisation (Observer, analyser et accompagner la revitalisation territoriale), portée par Ph. Barral à la MSHE, comprend quatre opérations. Nathalie Kroichvili est responsable de l’opération « Dynamique territoriale et schéma de revitalisation du bassin d’emploi de Belfort ». Christian Guinchard est responsable avec Sophie Némoz de l’opération « Politiques de revitalisation, expérimentation dans deux centres bourgs ».
(2) Il peut s’agir par exemple de revitalisation, de frontières, d’innovation et d’emploi, de reconfiguration administrative et politique, d’aménagements, d’abandons…
(3) Hegmon, M. (2017). Path Dependence. The Oxford Handbook of Southwest Archaeology, 155-168 / Nielsen K., Jessop B., Hausner J. (1995). Institutional change in post-socialism. In Hausner J., Jessop B., Nielsen K., Strategic Choice and Path Dependency in Post-Socialism: Institutional Dynamics in the Transformation Process, Aldershot: Edward Elgar, 3-34 / Pierson, P. (2002). Coping with permanent austerity: Welfare state restructuring in affluent democracies. Revue française de sociologie, 369-406 / Woodlief, A. (1998). The path-dependent city. Urban Affairs Review33(3), 405-437
(4) Gérard Chouquer interviendra le 29 mars 2018 sur l’expertise foncière en direction des pays demandeurs d’aide.