Maxime Kaci, maître de conférences en histoire contemporaine actuellement en délégation CNRS à la MSHE Ledoux, a organisé les 6 et 7 juin 2019 les journées d’étude « Frontières en mutation : vivre et utiliser les transformations territoriales (XIV-XXIe siècle) », avec le soutien de la MSHE dans le cadre de son appel à projets 2019 « Soutien aux SHS » et du Centre Lucien Febvre. Ces journées s’inscrivent dans l’action de recherche « Frontières » portée par Maxime Kaci au sein du pôle 1 « Dynamiques territoriales » de la MSHE Ledoux. Depuis 2015 Maxime Kaci conduit des travaux sur le changement de nature des délimitations territoriales et ses implications culturelles et sociales en Europe du XIVe siècle à nos jours. Une première phase a permis de réunir un collectif de chercheurs en histoire, géographie, sociologie et sciences politiques pour comparer les effets induits par les évolutions de deux délimitations territoriales contiguës qui épousent des trajectoires opposées : celle entre Bourgogne et Franche-Comté qui disparaît progressivement et celle entre France et Suisse où s’affirme l’une des dernières frontières entre la France et un État non adhérent de l’Union européenne. Ce travail vient de déboucher sur la publication d’un ouvrage dans la collection des Cahiers de la MSHE : Deux frontières aux destins croisés ? Étude interdisciplinaire et comparative des délimitations territoriales entre la France et la Suisse, entre la Bourgogne et la Franche-Comté (XIVe-XXIe siècle) sous la direction de Benjamin Castets Fontaine, Maxime Kaci, Jérôme Loiseau et Alexandre Moine. Une seconde phase des recherches, démarrée en septembre 2018, a vocation à élargir le questionnement initial à l’échelle européenne. C’est dans ce contexte que les journées des 6 et 7 juin ont rassemblé une dizaine de chercheurs européens en histoire, géographie, sociologie, économie et sciences politiques.
Ensemble, ils ont questionné les périodisations géopolitiques conventionnelles : des Empires médiévaux aux États modernes, puis aux États-nations remis en cause à l’ère de la globalisation. Selon Maxime Kaci, ces découpages sont avant tout fondés sur une conception des évolutions historiques centrée sur l’État, et ne concordent pas nécessairement avec le vécu et les représentations collectives des populations frontalières. L’hypothèse au centre des échanges était : bien que relevant de périodes éloignées chronologiquement, les comportements, les modalités d’action et les représentations de ces populations présentent des similitudes.
Les communications ont permis, tout d’abord, de conforter les conclusions de la première phase de travail sur l’ambivalence des effets frontières : depuis l’époque médiévale jusqu’à aujourd’hui, les délimitations territoriales sont sources de risques et d’opportunités ; elles sont la cause et la conséquence de négociations et de conflits récurrents. En fonction de la nature de la délimitation (régionale, étatique, impériale), c’est avant tout l’intensité des effets frontières qui varie. Par ailleurs, les communications proposées ont largement battu en brèche l’idée très répandue d’une linéarisation continue des frontières depuis l’époque médiévale. Dès cette époque, une conception linéaire des frontières émerge mais l’enchevêtrement des souverainetés finit par rendre la « frontière épaisse ». La distinction entre la frontière comme zone, comme ligne, comme nœud, ne renvoie pas à une évolution inexorable de longue durée : elle dépend à la fois de contextes variés et de la focale employée par le chercheur. Les contributions ont enfin souligné la médiatisation stratégique des territoires frontaliers : que ce soit par des acteurs locaux en quête d’un soutien des autorités centrales, par des autorités politico-religieuses dans le cadre des affrontements entre Chrétienté et Islam à l’époque moderne, ou par divers militants qui instrumentalisent les « crises » frontalières. Ces stratégies, qui fluctuent au gré des évolutions technologiques et des ressources médiatiques disponibles, favorisent les interactions entre différents territoires et donnent aux enjeux frontaliers une résonance bien au-delà du cadre local. Cette médiatisation, dont le corollaire est une discrétion bien perceptible, par exemple sur l’implication des entreprises privées dans le contrôle des frontières extérieures de l’Union européenne, nourrit le débat public. La mise en perspective historique, dans le cadre de ces journées, a ainsi mis au jour les enjeux frontaliers à différentes échelles, des évolutions historiques qui n’ont rien d’inexorables, mais aussi les représentations en circulation qui contribuent à façonner les comportements collectifs des sociétés passées comme présentes.
Les communications ont permis, tout d’abord, de conforter les conclusions de la première phase de travail sur l’ambivalence des effets frontières : depuis l’époque médiévale jusqu’à aujourd’hui, les délimitations territoriales sont sources de risques et d’opportunités ; elles sont la cause et la conséquence de négociations et de conflits récurrents. En fonction de la nature de la délimitation (régionale, étatique, impériale), c’est avant tout l’intensité des effets frontières qui varie. Par ailleurs, les communications proposées ont largement battu en brèche l’idée très répandue d’une linéarisation continue des frontières depuis l’époque médiévale. Dès cette époque, une conception linéaire des frontières émerge mais l’enchevêtrement des souverainetés finit par rendre la « frontière épaisse ». La distinction entre la frontière comme zone, comme ligne, comme nœud, ne renvoie pas à une évolution inexorable de longue durée : elle dépend à la fois de contextes variés et de la focale employée par le chercheur. Les contributions ont enfin souligné la médiatisation stratégique des territoires frontaliers : que ce soit par des acteurs locaux en quête d’un soutien des autorités centrales, par des autorités politico-religieuses dans le cadre des affrontements entre Chrétienté et Islam à l’époque moderne, ou par divers militants qui instrumentalisent les « crises » frontalières. Ces stratégies, qui fluctuent au gré des évolutions technologiques et des ressources médiatiques disponibles, favorisent les interactions entre différents territoires et donnent aux enjeux frontaliers une résonance bien au-delà du cadre local. Cette médiatisation, dont le corollaire est une discrétion bien perceptible, par exemple sur l’implication des entreprises privées dans le contrôle des frontières extérieures de l’Union européenne, nourrit le débat public. La mise en perspective historique, dans le cadre de ces journées, a ainsi mis au jour les enjeux frontaliers à différentes échelles, des évolutions historiques qui n’ont rien d’inexorables, mais aussi les représentations en circulation qui contribuent à façonner les comportements collectifs des sociétés passées comme présentes.