Les recherches sur le rôle des émotions dans la réussite scolaire des élèves sont en plein essor. Elles montrent notamment que savoir réguler ses émotions est une compétence clé, qui intervient aussi bien dans la réalisation de tâches scolaires et d’apprentissage – par exemple pour faire face à une situation nouvelle possiblement déstabilisante – que dans les comportements attendus à l’école de la part des élèves : coopération, écoute, gestion non violente des conflits… Le projet de Violaine Kubiszewski (1) et Damien Gabriel (2), « Étude de la régulation émotionnelle en milieu scolaire par un dispositif de neurofeedback : première évaluation de faisabilité », lauréat de l’appel à projets MSHE 2019 (3), se situe dans ce champ. Il consiste à explorer l’utilisation d’une technologie de neurofeedback pour aider les élèves à prendre conscience de leurs capacités de régulation émotionnelle et les développer.
Cette technologie repose sur un électroencéphalographe portatif, qui capte des ondes cérébrales caractéristiques de certaines émotions et qui permet en temps réel de restituer ces émotions sous une forme « artistique et visuelle », explique Violaine Kubiszewski. Concrètement, le sujet est équipé d’un casque permettant de recueillir les ondes cérébrales et il visualise à l’aide de billes sur un écran d’ordinateur sa capacité à contrôler ses émotions : les billes évoluent par exemple de manière anarchique dans le cercle, et à mesure que le sujet parvient à se mettre dans l’état émotionnel visé, les billes s’agglomèrent au centre du cercle.
Cette technologie repose sur un électroencéphalographe portatif, qui capte des ondes cérébrales caractéristiques de certaines émotions et qui permet en temps réel de restituer ces émotions sous une forme « artistique et visuelle », explique Violaine Kubiszewski. Concrètement, le sujet est équipé d’un casque permettant de recueillir les ondes cérébrales et il visualise à l’aide de billes sur un écran d’ordinateur sa capacité à contrôler ses émotions : les billes évoluent par exemple de manière anarchique dans le cercle, et à mesure que le sujet parvient à se mettre dans l’état émotionnel visé, les billes s’agglomèrent au centre du cercle.
© V. Kubiszewski. Représentation visuelle, sur l’interface informatique, de l’état émotionnel du participant. Des billes apparaissent en continu sur l’écran et elles ont une trajectoire anarchique. Lorsque le participant parvient à se mettre dans l’état émotionnel ciblé (ex : joie) les billes se condensent au centre du cercle (1A). A l’inverse, si l’état émotionnel ciblé n’est pas atteint, les billes gardent une trajectoire anarchique et se rassemblent à la périphérie du cercle (1B).
Cette technologie de neurofeedback a été développée par le laboratoire de neurosciences intégratives et cliniques de l’UFC et le Centre d’investigation clinique du CHRU (4). Elle a été testée et utilisée auprès d’adultes dans le domaine de la santé. Y recourir dans le cadre de recherches en éducation est novateur. L’idée sous-jacente est de faire-vivre aux élèves leur capacité à contrôler leur état émotionnel, leur faire expérimenter qu’ils peuvent être acteur de leurs émotions, voire exercer leurs ressources pour réguler leurs émotions via une utilisation répétée du dispositif de neurofeedback. Développer de telles recherches nécessite au préalable certains ajustements informatiques ainsi que le fait de questionner l’accueil d’un tel projet dans le monde de l’éducation. C’est ce qu’a permis l’appel à projets MSHE. Grâce au financement obtenu, Chloé Vieille, étudiante en DUT informatique, a réalisé un stage de 10 semaines à la MSHE, sous la direction de Violaine Kubiszewski et Damien Gabriel. Au cours de ce stage qui s’est achevé le 14 juin 2019, Chloé Vieille a notamment travaillé à l’amélioration et la simplification de la phase de préparation des tests en vue d’une passation auprès de sujets d’âge scolaire. Elle a développé une étape de calibration du logiciel permettant de mieux interpréter les données recueillies par la suite. Cette étape de calibration consiste à provoquer des émotions à l’aide d’images, de sons ou éventuellement de textes afin de calculer pour chaque participant les valeurs extrêmes que peut prendre l’émotion sur deux dimensions : une dimension positive / négative et une dimension d’intensité, faible ou élevée. Connaitre l’intervalle propre à chaque sujet entre les valeurs extrêmes sur chacune des dimensions permettra ensuite au moment du test à proprement parlé de déterminer plus finement l’émotion ressentie – émotion traduite par le mouvement des billes. Ce nouveau développement de la technologie de neurofeedback doit encore être expérimenté, mais il est d’ores et déjà fonctionnel.
Parallèlement au stage de Chloé Vieille, Violaine Kubiszewski a noué des contacts avec le PARDIE (Pôle académique de recherche, développement, d’innovation et d’expérimentation) de l’académie de Besançon et avec des établissements scolaires pour développer des partenariats et conduire des études mobilisant le dispositif de neurofeedback. Les professionnels de l’éducation tout comme les responsables académiques rencontrés se sont montrés très intéressés et de premières passations en milieu scolaire devraient voir le jour dans les mois qui viennent.
(1) Violaine Kubiszewski est maîtresse de conférences en psychologie. Elle développe ses recherches au Laboratoire de psychologie de l’UFC et dispense ses enseignements à l’ESPE (École supérieure du professorat et de l’éducation).
(2) Damien Gabriel est ingénieur de recherche clinique au Centre d’investigation clinique en innovation technologique au CHRU de Besançon et membre du Laboratoire de neurosciences de Besançon.
(2) Damien Gabriel est ingénieur de recherche clinique au Centre d’investigation clinique en innovation technologique au CHRU de Besançon et membre du Laboratoire de neurosciences de Besançon.
(3) Appel à projets « soutien à la recherche en sciences humaines et sociales en Franche-Comté » 2019.
(4) Centre hospitalier régional universitaire.
(4) Centre hospitalier régional universitaire.