Objets inanimés, avez-vous donc une âme ?
Conférence
14 Mars 2024
Laurent Olivier, archéologue, conservateur au Musée d’archéologie nationale de Saint-Germain-en-Laye, donne une conférence scientifique ouverte au public | ||
Le passé est révolu ; il ne reviendra plus, mais il continue néanmoins à occuper l’actuel, comme présence matérielle, et à se transformer. L’archéologue interroge l'objet archéologique comme un élément de notre temps dans lequel le passé est incrusté sous forme de traces. Il tente de comprendre à partir de ces traces ou de leur absence les comportements et les modes d’organisation des sociétés anciennes et actuelles car le temps de l’archéologie, qui est celui de la mémoire matérielle du présent, n’est pas le temps de l’Histoire... Confrontée aux temporalités enregistrées dans la matérialité, l’archéologie a fondamentalement affaire au présent, dans lequel le passé est incrusté – comme présence absente ; c’est-à-dire comme trace. Aussi, l’archéologie ne décrit pas tant l’instant présent du passé, comme événement, que sa temporalité, nécessairement multiple, voilée, équivoque – car portée par les traces. Vu depuis l’archéologie, le présent est fondamentalement multi-temporel ou hétéro-chronologique. Le passé est révolu ; il ne reviendra plus, mais il continue néanmoins à occuper l’actuel, comme présence matérielle, et à se transformer. Il se transforme tout en se transmettant, dans des mécanismes de transformission, où il apparaît masqué, alternant des périodes de latence et de soudaines réapparitions. Ce temps de l’archéologie, qui est celui de la mémoire matérielle du présent, n’est pas le temps de l’Histoire. Ce temps diachronique se révèle désormais dans la Grande Accélération de l’Anthropocène, qui écrase à la fois passé et futur dans un présent sans issue, lequel devient mémoire et dont l’archéologie est le symptôme. Laurent Olivier est archéologue, conservateur général des collections d’archéologie celtique et gauloise au Musée d’archéologie nationale de Saint-Germain-en-Laye. Il consacre ses recherches à l’étude des cultures celtiques et gauloises, avant leur colonisation par les Romains, ainsi qu’à l’archéologie du passé contemporain. Il a publié dernièrement Ce qui est arrivé à Wounded Knee (Flammarion, 2021), une enquête sur le dernier massacre d’Indiens Sioux Lakota aux États-Unis, et travaille actuellement sur la transmission du traumatisme de la conquête américaine dans les communautés autochtones amérindiennes. La conférence s'inscrit dans le thème de recherche « Transferts et circulations » de la MSHE. Entrée libre dans la limite des places disponibles |
Horaires
De 18h30 à 20h
Lieu
salle de conférence
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