Rachel Opitz, spécialiste d’archéométrie spatiale, invitée à l’UFC par la MSHE

actu20190404 ROpitzRachel Opitz est archéologue, maître de conférences à l’Université de Glasgow au Royaume-Uni, spécialiste d’archéométrie spatiale et plus généralement des techniques numériques appliquées à l’archéologie. Elle collabore depuis plus de dix ans avec la MSHE Ledoux, où elle a notamment été post-doctorante en 2009-10 et 2012-13 (1). Depuis, elle a effectué plusieurs courts séjours à Besançon dans le cadre de programmes de recherche. Elle est revenue cette année plus longuement en tant que professeure invitée, grâce au financement de l’UFC et à l’initiative de Laure Nuninger, chargée de recherche CNRS au laboratoire Chrono-environnement et coordinatrice du pôle 1 « Dynamiques territoriales » de la MSHE.
Ce séjour, du 11 mars au 10 avril 2019, est l’occasion de partager son expérience à travers un atelier de recherche, deux séminaires et une formation (2). Il est également mis à profit par les deux chercheuses pour travailler à un ouvrage collectif de synthèse à partir de travaux antérieurs. En effet, plusieurs programmes de recherche (3) ont été conduits à la MSHE Ledoux, qui portaient sur les espaces forestiers et ont utilisé la technologie LiDAR. Le LiDAR (light detection and ranging) est une technologie de télédétection par laser : le balayage du sol par un rayon laser permet d’en obtenir un modèle altimétrique et ainsi de découvrir les traces des activités passées, quel que soit le couvert végétal, dans la mesure où celui-ci peut être effacé virtuellement. Le LiDAR a donc bouleversé la recherche archéologique en mettant au jour une très grande quantité de vestiges jusque-là cachés par la forêt. Il révèle également comment les paysages et la végétation d’aujourd’hui résultent d’une très longue histoire, en renseignant, depuis la protohistoire, les évolutions qu’ont connues les espaces actuellement sous couvert forestier. Sur la base des connaissances acquises avec ces recherches et des réflexions menées par le réseau européen ModeLTer (4) dans le cadre des workshops TRAIL (Training and Research in the Archaeological Interpretation of Lidar), l’objectif des chercheuses est de revenir d’un point de vue méthodologique et théorique sur les apports de la technologie LiDAR à l’étude des paysages et des territoires forestiers. Comment l’utilisation de cette technologie a véritablement changé notre connaissance du passé et par là-même celle des territoires d’aujourd’hui ? Rachel Opitz prend l’exemple des charbonnières en forêt de Chailluz à Besançon – espace qui a fait l’objet d’un relevé LiDAR en 2009 dans le cadre du programme Lieppec. L’activité de charbonnage à Chailluz est connue de longue date, mais son ampleur était très largement sous-estimée. Les charbonnières connues, moins d’une cinquantaine, étaient en effet détectées sur le terrain à leurs formes caractéristiques et devaient être suffisamment saillantes pour être visibles. En traversant la végétation, le LiDAR a permis d’identifier plus d’un millier de charbonnières. L’étude de ces dernières et de la végétation qui les entoure, associée à des sources historiques, donne une idée de l’importance de l’exploitation du bois en forêt de Chailluz dans le passé et de l’organisation sociale qui l’accompagnait… Rachel Opitz souligne d’ailleurs la nécessité d’un travail interdisciplinaire pour contextualiser les données LiDAR, à la croisée de l’archéologie, de l’écologie, de l’anthropologie, de la géographie et de l’histoire…

(1) Elle a travaillé dans le cadre du projet franco-slovène ModeLTer (Laboratoire européen de modélisation des paysages et des territoires dans la longue durée) et de l'action Lieppec (LiDAR pour l'étude des paysages passés et contemporains) au cours de son premier séjour et ensuite elle a participé au chantier CHEF (Construction historique des espaces forestiers : dynamique, ressources et patrimoine) du projet ODIT (Observatoire des dynamiques industrielles et territoriales) au cours de son second séjour. Elle continue à collaborer avec les chercheurs bisontins dans le cadre de l’action MoveScape et dans une discussion avec le programme Bibracte Numérique à propos de ses travaux sur le site de Gabii en Italie.
52) Atelier de recherche inter-MSH « Ontologie Lidar & Pratiques sur l’étude des voies de circulations passées dans les paysages agraires et forestiers » (28 mars 20198) dans le cadre de l’action MoveScape. Séminaires « Archéologie à l'ère du numérique : retour d'expérience de l'acquisition à la publication 3D » (1er avril 2019) et « Nouvelles perspectives sur la forêt à partir de l'archéologie » (2 avril 2019). Formation « Nouvelles techniques de traitement et interprétation visuelle des données Lidar » (5 avril 2019).
(4) Laboratoire européen de « modélisation des paysages et des territoires dans la longue durée ».