Retour sur la journée d’étude «Hygiénisme, santé alimentaire et études médicales (XIXe-XXIe siècles)»

actu20191209 retour HysamFabien Knittel, maître de conférences en histoire contemporaine au Centre Lucien Febvre, a organisé une journée d’étude le 8 novembre 2019 dans le cadre de son action de recherche « HYSAM - Hygiénisme, santé alimentaire et études médicales (XIXe-XXIe siècles) - Hygiénisme, santé alimentaire et études médicales (XIXe-XXIe siècles) », inscrite dans le pôle 3 « Normes, pratiques, savoirs » de la MSHE Ledoux. La journée était soutenue par la fédération des MSH de Bourgogne et de Franche-Comté à travers l’appel à projets « Transmission, travail, pouvoirs » 2019.
Dans son propos introductif, Fabien Knittel a expliqué les enjeux du projet Hysam. C’est un projet interdisciplinaire (histoire/sociologie) dont le but est d’aborder, de manière renouvelée, les problématiques de l’histoire et de la sociologie de l’hygiénisme, des études de médecine et de certaines questions de santé liées à l’alimentation dans une perspective de longue durée, du XIXe siècle à nos jours.
Après cette courte introduction F. Knittel a développé quelques considérations sur l’hygiénisme, les agronomes et le lait durant le XIXe siècle et le début du XXe siècle. Le propos a pour but de montrer la place originale des agronomes dans le mouvement hygiéniste aux côté des vétérinaires, des médecins et des biologistes à partir de l’exemple du lait. Pour ce faire, deux pistes principales ont été exposées : la lutte contre les maladies bovines et la principale zoonose, à savoir la tuberculose, puis le développement de l’œuvre de « La Goutte de lait », institution dont le but est de fournir du lait sain aux mères qui ne peuvent allaiter leur nourrisson (avec une comparaison entre les institutions des villes de Besançon et Bar-le-Duc).
Ensuite, Juliette Ronsin, doctorante à l’ENS-Ulm/Institut d’histoire moderne et contemporaine (IHMC), s’est intéressée aux dispositifs de contrôle de l'hygiène et de la santé qui encadraient les travailleurs yougoslaves de Peugeot à Sochaux, dans les années 1960-1970. Ses recherches s'appuient notamment sur l'étude de dossiers individuels d'étrangers, constitués par les services départementaux au moment de demandes de visas, et sur des entretiens avec d'anciens ouvriers.
De son côté Yann Renisio, sociologue, post-doctorant, à l’université d’Uppsala (Suède) travaille sur les déterminants de l'orientation puis de la réussite en étude de médecine dans le cadre d'une comparaison entre France et Suède. Il a présenté lors de son intervention une approche novatrice fondée sur une analyse des réseaux familiaux suédois et de la conséquence de leur structure sur la candidature et la réussite à l'entrée des écoles de médecine.
Pierre Verschueren, maître de conférences en histoire contemporaine au Centre Lucien Febvre, quant à lui, a présenté les premiers résultats de son enquête prosopographique concernant les 636 chercheuses et chercheurs recruté.e.s par l'Institut national d'hygiène (INH) avant sa transformation, en 1964, en Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm). En partant en particulier du corpus des dossiers de carrière, il s'agit d'étudier, au raz des trajectoires personnelles, la construction d'un système d'emplois publics entièrement dévoués à la recherche médicale, et plus profondément la transformation du métier et des pratiques de chercheur. Les premiers résultats montrent la centralité, dans la création et le développement de l'institution, créée en 1941, de la section de nutrition, dirigée par Jean Trémolières – ce n'est que dans un second temps que la biomédecine est adjointe à l'organisme.
Maeva Durand, doctorante en sociologie au Centre d’économie et de sociologie appliquées à l’agriculture et aux espaces ruraux (CESAER), INRA Dijon, a consacré son exposé au métier d’aide à domicile, s’interrogeant sur l’institutionnalisation de « la débrouille » au féminin dans le domaine de la santé.
Enfin, Matthieu Duboys de Labarre, maître de conférences en sociologie à Agro Sup Dijon, et chercheur au CESAER (INRA), a présenté une analyse sociologique d’une « mise sur agenda ». A partir de l’étude ethnographique d’une expérimentation dans le champ de l’aide alimentaire, il observe comment les acteurs ont construit le « problème » et l’ont imposé au travers d'une circulation des « ressources » (financières, politiques et académiques). Il montre également comment ce processus s’inscrit dans un jeu d’échelle entre différents niveaux institutionnels (local, nationale et européen).