Laurence Picard et Marie Mazerolle, enseignantes-chercheuses au Laboratoire de psychologie, ont organisé une rencontre scientifique le 2 octobre 2019, dans le cadre de l’action de recherche « Déterminants sociaux de l’apprentissage », portée par Marie Mazerolle dans le pôle 5 « Comportements, risques, santé » de la MSHE Ledoux. La rencontre était consacrée aux effets du vieillissement normal et pathologique, dans une perspective théorique et appliquée. Des spécialistes nationaux et internationaux, chercheurs en psychologie cognitive et en neuropsychologie, sont venus présenter leurs travaux : Pascale Piolino, professeure à l’université Paris Descartes, Hanna Chainay, professeure à l’université Lyon Lumière, Laurence Taconnat, professeure à l’université de Poitiers, Mathieu Lesourd, maître de conférences à l’université de Franche-Comté et Ayanna Thomas, professeure à l’université de Tufts aux États-Unis, accueillie pendant un mois en séjour de professeure invitée à l’université de Franche-Comté. Les conférences ont offert une vision plurielle et documentée du vieillissement à un public composé d’étudiants, de chercheurs, cliniciens, professionnels de santé et grand public.
Pascale Piolino et Ayanna Thomas ont documenté la question des faux souvenirs, en lien avec la réalité virtuelle pour la première et le témoignage judiciaire pour la seconde. En effet l’usage de la réalité virtuelle peut-être très utile à l’évaluation de la mémoire des personnes âgées, en ce qu’elle permet de simuler des évènements complexes de la vie quotidienne, sans pour autant compromettre le contrôle expérimental. P. Piolino a présenté de nombreuses études ayant recours à cette technique et qui ont permis de mieux cerner les processus responsables de la production de faux souvenirs chez les personnes âgées. Ayanna Thomas quant à elle a abordé la question de la véracité du témoignage judiciaire des personnes âgées. Elle a notamment présenté les travaux qu’elle mène avec Marie Mazerolle concernant l’influence de la menace engendrée par les stéréotypes à propos du vieillissement, lorsque les personnes âgées doivent faire appel à leurs souvenirs.
Laurence Taconnat a abordé le rôle des facteurs non cognitifs sur le fonctionnement de la mémoire. Elle a notamment discuté l’impact contradictoire des émotions lorsque des participants jeunes et âgés réalisent un test de mémoire. Tandis que les émotions négatives facilitent les performances des jeunes, elles semblent altérer les capacités de mémorisation des séniors.
Hanna Chainay a questionné l’apport conjoint des programmes d’entrainement cognitif et physique sur le vieillissement cognitif. Elle a d’abord insisté sur les critères méthodologiques requis et pointé l’importante variabilité de l’efficacité des programmes d’entrainement cognitif en fonction des méthodes employées. Elle a ensuite discuté l’efficacité des programmes d’entraînement physique et le bénéfice d’un entrainement combiné (cognitif et physique).
Enfin, Mathieu Lesourd a proposé une nouvelle modélisation cognitive des praxies, en prenant appui sur une série d’études de neuropsychologie et de neuro-imagerie. Selon lui, la production volontaire d’un geste nécessite d’activer des connaissances sémantiques – tels les outils habituellement utilisés pour réaliser l’action – et des connaissances mécaniques, c’est-à-dire des principes abstraits sous-tendant les capacités de raisonnement technique. La distinction entre ces deux types de connaissances est importante dans la mesure où connaissances sémantiques et mécaniques pourraient être affectées sélectivement dans différentes pathologies neurodégénératives, et expliquer les erreurs produites par les patients lorsqu’ils sont amenés à manipuler des objets.
Cette rencontre scientifique a ainsi permis d’engager la réflexion et offert un espace d’échange entre étudiants, chercheurs, professionnels de santé et grand public autour de la question du vieillissement cognitif.