Mahé Arexis, nouvelle docteur à la MSHE

actu20181019 SoutenanceMArexisMahé Arexis, doctorante de la MSHE Ledoux rattachée au Laboratoire de psychologie de l’UFC, a soutenu sa thèse en psychologie cognitive le 27 septembre 2018. Menée sous la direction de André Didierjean et de François Maquestiaux, elle s’intitule « La capture attentionnelle : “transposabilité” du phénomène du laboratoire au monde réel », et s’inscrit dans l’action « Prise de décision et processus attentionnels » du pôle 5 de la MSHE.
La « capture attentionnelle » désigne le fait que, lors de l’exécution d’une tâche, notre attention est involontairement attirée par des stimuli visuels ou auditifs. Au volant d’une voiture par exemple, le conducteur peut être distrait par une publicité sur le bord de la route. Les travaux menés en psychologie cognitive ont cependant souligné que l’origine de cette capture de l’attention est vraisemblablement en lien avec la tâche en cours. Ainsi, une publicité en rouge et vert rappellera les couleurs des feux tricolores et sera plus susceptible d’attirer l’attention du conducteur. Les chercheurs parlent alors de « capture attentionnelle contingente ». Jusqu’alors, les expériences qui ont mis en évidence ce phénomène étaient relativement simples visuellement : en laboratoire, le participant est invité à repérer des lettres ou des formes géométriques dans un ensemble affiché sur le fond uni d’un écran d’ordinateur, et apparaissent des stimuli « distracteurs », par exemple de couleur ou de forme différentes. La capture attentionnelle est mesurée par le temps d’exécution de la tâche, celui-ci étant plus long lorsque le distracteur capture l’attention. Mais qu’en est-il dans la vie quotidienne, dans les situations réelles nécessairement plus complexes ?
Pour répondre à ces questions, Mahé Arexis a créé de nouvelles expériences reproduisant des conditions inspirées de celles du monde réel. Elle a ainsi utilisé des photographies de scènes de conduite automobile, et pris pour distracteur un GPS, qui tantôt s’allume, tantôt s’éteint. La tâche demandée au participant est d’identifier une lettre cible de couleur rouge qui apparaît sur la photo – la même tâche donc que dans les expériences classiques afin de permettre une comparaison. La chercheuse observe alors que lorsque le distracteur GPS s’allume rarement et que sa couleur est la même que celle de la lettre recherchée, les temps de réaction sont plus longs que lorsqu’il est éteint ou d’une couleur différente de celle de la cible. Ce qui confirme l’effet de la capture attentionnelle contingente.actu20181019 SoutenanceMArexis 1 Pour aller plus loin, Mahé Arexis a ensuite ajouté une tâche auditive concurrente, à l’aide d’une bande-son sur laquelle sont enregistrés des battements plus ou moins réguliers. Après avoir exécuté la tâche d’identification des lettres cibles, le participant doit dire si selon lui les battements ont accéléré, sont restés réguliers ou ont ralenti. L’objectif est d’évaluer dans quelle mesure la capture attentionnelle se produit lorsque la charge cognitive du sujet s’accroît. Bien que visant à s’approcher du monde réel, ces expériences ont été menées en laboratoire pour mieux contrôler les différents paramètres entrant en jeu. Répétées auprès d’un nombre important de sujets permettant d’obtenir une validité statistique des observations, elles confirment l’apparition du phénomène de capture attentionnelle contingente dans des situations beaucoup plus complexes que celles connues jusqu’ici.
En outre, Mahé Arexis a étendu l’étude de la capture attentionnelle à la dimension sémantique. Ce qui est tout à fait inédit. L’expérience a consisté à demander au participant de rechercher un mot désignant un fruit ou un légume dans un nuage de mots. Lors de l’exécution de cette tâche, apparaît un distracteur qui est soit une image de fruit ou de légume, soit une image autre par exemple un objet. La chercheuse observe alors que lorsque le distracteur appartient au même champ sémantique que la cible recherchée, par exemple une image de salade lorsque le mot cible est carotte, le temps d’exécution de la tâche demandée est plus long – signe que l’attention a été capturée par l’image.
Ce travail de recherche ouvre des perspectives, notamment dans le domaine de la sécurité. Que notre attention puisse être distraite de la tâche en cours, n’est pas forcément négatif, précise Mahé Arexis. Cela peut même être exploité pour mettre en place des signaux d’alarme pertinents en cas de danger. Des applications qui feront peut-être l’objet d’une prochaine recherche…