La domus de la fac des Lettres en 3D

actu20170419 domus3D« Peu d'étudiants le savent, certains collègues ne l'ont jamais visitée et pourtant : il y a une maison romaine sous la fac de Lettres ! », dit Sophie Montel, maître de conférences en histoire de l'art et archéologie, et organisatrice de l'exposition « Nouvelles méthodes d'analyse en histoire de l'art et archéologie », qui s'est tenue le 28 mars 2017 à l'UFR SLHS. Les vestiges de la domus, découverts en deux temps en 1921 et 1952, donnent à voir un chauffage à hypocauste et une succession de pièces, dont certaines ont conservé des pavements de mosaïque. Les vestiges trouvés dans la demeure lors de la seconde phase de fouilles en 1952 sont présentés dans le petit musée Lerat, baptisé comme tel en l'honneur de l'ancien doyen de la faculté des Lettres (1953-1960) à l'initiative de cette opération archéologique. C'est là qu'a pris place l'exposition « Nouvelle méthodes d'analyse en histoire de l'art et archéologie », dans le cadre des Journées des arts et de la culture dans l'enseignement supérieur. Elle a permis au public de découvrir des méthodes innovantes utilisées en histoire de l'art médiéval par de jeunes chercheurs dans leurs travaux de thèse (1), et a offert une visite virtuelle de la domus, numérisée par des chercheurs associés à la MSHE C. N. Ledoux.

Le public présent pouvait certes effectuer une visite réelle de la domus, guidé par des étudiants d'histoire de l'art et d'archéologie, mais la demeure romaine n'est ouverte qu'à quelques occasions dans l'année (2). Son relevé 3D sera lui toujours accessible sur internet. Il a été réalisé à l'aide d'un scanner terrestre Lidar acquis par la plate-forme technologique de la MSHE C. N. Ledoux en 2016, grâce à une subvention du Ministère de l'Education Nationale de l'Enseignement Supérieur et de la Recherche dans le cadre du Contrat de plan État Région.
La technologie Lidar (light detection and ranging) est un système de mesure sans contact en trois dimensions, permettant le relevé des formes en relief grâce au balayage des surfaces par un faisceau laser. La distance avec la surface de l'objet étudié est calculée à partir du temps nécessaire au trajet aller-retour de l'impulsion du faisceau laser réfléchi. Ces mesures donnent une représentation numérique 3D des surfaces, dans laquelle chaque point est géolocalisé. Damien Vurpillot, jeune docteur qui a numérisé la domus avec Laure Nuninger, responsable de la plate-forme technologique de la MSHE, explique :
« A l'origine les systèmes Lidar ont été développés pour numériser des surfaces sous couvert végétal à l'échelle d'un paysage, dans le cadre de missions aéroportées. Ensuite, les évolutions technologiques ont permis d'avoir accès à des modèles terrestres dont la puissance autorise toujours à travailler à l'échelle du paysage – quelques centaines de mètres de portée pour le modèle Riegl VZ-400 choisi par la MSHE – mais aussi de faire le lien avec des éléments bâtis, qui peuvent même être occultés par la végétation et parfois ensevelis. »
Le relevé 3D de la domus a été exécuté dans une démarche expérimentale. Il s'agissait du deuxième lieu numérisé avec le nouveau scanner terrestre après le fort de Pugey. Ces espaces clos et souterrains ont été choisis pour leurs contraintes, notamment celle d'empêcher tout signal GPS de pénétrer. Au fort de Pugey, les chercheurs devaient replacer précisément les différentes positions de scanner par l'intermédiaire de points géoréférencés à l'extérieur, par exemple grâce à une ouverture. A la domus, la présence de piliers, de rambardes etc. constitue autant d'obstacles supplémentaires bloquant le faisceau laser et rendant difficile le replacement successif des positions de scanner, en l'absence de signal GPS.
Cet ensemble de tests réalisés à Pugey et dans la domus ont permis d'optimiser la mise en œuvre des matériels en vue de projets de recherche à venir mais aussi de répondre à des demandes spécifiques. La MSHE a ainsi numérisé la grotte des Gorges dans le jura pour une exposition qui aura lieu cet été à Amange.
Les relevés de la domus et du fort de Pugey sont accessibles sur internet à partir d'un site dédié : https://lidar-mshe.univ-fcomte.fr/
(1) Matthieu Le Brech a présenté une analyse du bâti de l'abbaye de Baume-les-Messieurs permettant de comprendre les différentes phases du bâtiment. Séverine Pégeot a exposé des photos d'églises flamboyantes en Franche-Comté.
(2) Les Journées européennes du Patrimoine, les Journées des arts et de la culture dans l'enseignement supérieur, les Journées portes ouvertes de l'université ou encore sur demande auprès de l'UFR SLHS. La domus peut également être visitée via l'Office du tourisme de Besançon