Retour sur la conférence «Mouvements sociaux et changements politiques en Espagne»

actu20170308 confecce glocusMarta Alvarèz (1) et Karolina Katsika (2), dans le cadre de l'action de recherche « ECCE GLOCUS, espaces en crise » à la MSHE Ledoux, ont invité le 8 mars 2017 Mathieu Petithomme (3), chercheur en science politique, pour une conférence sur les mouvements sociaux espagnols et leur traduction politique. « ECCE GLOCUS » étudie, à travers les productions culturelles espagnoles et grecques, les pratiques spatiales nouvelles nées des crises récentes qu'ont connues ces deux pays (occupation d'espaces publics, émigrations, etc.).
Mathieu Petithomme a commencé son exposé avec la crise économique de 2008 et a retracé le cheminement de l'indignation citoyenne qu'elle a engendrée jusqu'à l'émergence de mouvements politiques tel que Podemos.
La crise économique espagnole, avec l'éclatement de la bulle immobilière, un chômage important, des revenus en baisse et des conditions de vie dégradées en particulier pour les classes populaires et les jeunes s'est progressivement transformée en crise politique et institutionnelle. Les partis politiques institués (parti socialiste et parti populaire) qui se succèdent au pouvoir soutiennent les mêmes mesures d'austérité économiques et restent impuissants à enrayer les inégalités. Parallèlement, la crise a révélé une corruption qui s'étend à tous les partis politiques et jusqu'à la monarchie. Dans ce contexte économique et institutionnel, des manifestations de rue vont (ré)apparaître et des mouvements de résistance se développer : mobilisations syndicales, « marées » citoyennes, lutte contre les expulsions etc. Mathieu Petithomme a notamment décrit deux types de mouvements emblématiques dans la propagation de l'indignation : la plateforme des affectés par l'hypothèque et le mouvement des indignés. La plateforme des affectés par l'hypothèque propose une aide concrète (psychologique et juridique) aux familles expulsées. Les indignés pour leur part occupent l'espace public urbain pour dénoncer les effets de la crise, exiger plus de transparence en politique et une démocratie participative. Le mouvement, très médiatisé, soulève la sympathie des citoyens mais ne trouve pas de traduction politique immédiate. La traduction politique a lieu à la faveur de la crise des partis institués. Elle est incarnée par Podemos à partir des élections européennes de 2014. Podemos est constitué de jeunes intellectuels militants des mouvements sociaux et alternatifs, dont il reprend certains éléments de revendication dans une stratégie de conquête du pouvoir.

(1) Maître de conférences en littérature espagnole au Centre de recherches interdisciplinaires et transculturelles (CRIT) de l'université Bourgogne Franche-Comté
(2) Doctorante en littérature comparée au Centre de recherches interdisciplinaires et transculturelles (CRIT) de l'université Bourgogne Franche-Comté
(3) Au Centre de recherches juridiques de l'université de Franche-Comté (CRJFC), université Bourgogne Franche-Comté