Conférence «A la recherche du temps perdu ? L’apport des sciences humaines et sociales à la recherche dans les zones atelier»

forum-pres-42
Catégorie
Chrono-environnement
Date
27 mars 2019 10:00
Lieu
UFR ST
Jon Marco CHURCH est maître de conférences en aménagement, gouvernance et durabilité à l’université de Reims depuis 2012, actuellement visiting fellow à l’université IUAV de Venise. Ses recherches portent sur la gouvernance des écosystèmes, tels que les massifs et les bassins. Il est auteur notamment de Ecoregionalism: Analyzing Regional Environmental Agreements and Processes à paraître prochainement. Depuis 2011, il est aussi expert auprès de l’ONU et de l’UE sur des thématiques de gouvernance de l’eau au niveau de bassin, national et mondial.


Résumé : Beaucoup de temps est passé depuis la scission de la philosophie naturelle puis de l’histoire naturelle de la philosophie et de l’histoire tout court. Aujourd’hui, le triomphe des sciences exactes et naturelles sur les sciences humaines et sociales se manifeste à tous les niveaux. En même temps, nous n’avons probablement jamais eu autant besoin des sciences sociales. Le progrès de la science et de la technique a conduit à des avancées considérables en termes de durée et de qualité de vie. Cependant, cela a aussi produit des effets indésirables, notamment en termes de pollution environnementale, de risques naturels, de perte de biodiversité et de dérégulation du climat.

Les causes de ces phénomènes ne sont pas à rechercher uniquement dans la dimension écologique, mais aussi dans des processus sociaux, tels que la déviance, l’acceptation du risque, l’ignorance, ainsi que la préférence pour le présent. Les réponses techniques font certainement partie des solutions à ces problèmes, mais elles ne peuvent pas tout résoudre. Elles interagissent avec des systèmes adaptatifs dont la complexité ne se limite pas à l’aspect écologique ; elle investit aussi la dimension sociale dans le cadre de véritables systèmes socio-écologiques. Sans l’apport des sciences humaines et sociales, nous serions dans l’impossibilité de comprendre les dynamiques de ces systèmes complexes. Or, leur complexité est telle que nous avons du mal à étudier des systèmes de grandes dimensions ou avec un haut degré d’ouverture.

Pour ces raisons, des espaces limités et bien définis, tels que les Zones Ateliers, représentent une opportunité pour encourager la collaboration entre sciences exactes et naturelles et sciences humaines et sociales pour mieux comprendre les dynamiques des systèmes socio-écologiques. Elles peuvent contribuer ainsi à relever le défis du développement durable. De plus, avec la spécialisation croissante des savoirs, le problème de la synthèse des connaissances et de leur interprétation se pose de manière croissante. La taille humaine des Zones Ateliers CNRS encourage l’interaction non seulement entre chercheurs de disciplines différentes, mais aussi entre chercheurs et différents types d’acteurs. Cela nous rappelle le besoin de donner un sens commun aux actions qui peuvent être entreprises pour assurer le développement durable de ces territoires, commun aux différents acteurs censés de les entreprendre.

A partir d’une longue dégression autour de la philosophie des sciences et notamment des sciences sociales, cette intervention mettra en avant la recherche interdisciplinaire – entre les différentes disciplines des sciences exactes et naturelles et des sciences humaines et sociales – et transdisciplinaire – entre les chercheurs et les autres types d’acteurs – en tant que moyen pour résoudre des problèmes concrets de développement durable. Cette intervention sera illustrée par de nombreuses exemples tirées du réseau des Zones Ateliers et de l’expérience personnelle d’un enseignant-chercheur-praticien issu des sciences humaines et sociales et particulièrement de la science politique, à cheval entre les milieux universitaires européen, américain et asiatique, engagé dans une démarche interdisciplinaire et transdisciplinaire pour essayer de mieux comprendre les systèmes socio-écologiques et contribuer à résoudre des problèmes concrètes de développement durable.

Salle -107M (Chrono-environnement, La bouloie)