La phénoménotechnique du temps en 2022

Colloque
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Date: 27 octobre 2022 - 28 octobre 2022

Sarah Carvallo (laboratoire Logiques de l’Agir), Clément Lacroûte (CNRS, Institut FEMTO-ST) et François Vernotte (Institut FEMTO-ST) organisent un colloque dans le cadre de l’action FabTemps portée par Sarah Carvallo à la MSHE Ledoux   202210 2728 colloque Fabtemps affiche
   
La science crée de la philosophie, au sens où elle embarque des enjeux qui débordent la seule activité scientifique et impliquent la société, la culture et, fondamentalement, notre subjectivité qui caractérise notre rapport au monde et à nous-mêmes. A cet égard, le temps constitue l’un des lieux de dialogue permanent entre les sciences et la philosophie, celle-ci étant amenée à réviser ses théories du temps en fonction de l’évolution des connaissances scientifiques et à interroger la congruence possible entre ce que les sciences savent et ce que nous percevons. A la suite de Bergson, les philosophes du XXe s. questionnent la réalité du temps à la lumière des découvertes physiques, biologiques et géologiques pour constituer une métaphysique du temps cohérente avec la relativité générale et la mécanique quantique, l’évolution des espèces, les théories du développement, le temps profond.
Le temps constitue-t-il une dimension irréductible du réel à travers laquelle les choses et les événements s’organisent selon des propriétés proprement temporelles ? Ou n’est-il qu’une apparence produite par les relations entre les événements, seuls réels ?
 
Ce colloque propose une approche alternative qui poursuit une piste ouverte par Gaston Bachelard dans son Étude Noumène et microphysique (1931), lorsqu’il analyse la réalité non pas en un sens ontologique mais phénoménotechnique et que prolonge le tournant pratique des sciences (Hacking, 1983, Daston & Galison, 2007). Il ne s’agit alors pas tant d’interroger les théories et leurs soubassements métaphysiques, que de comprendre comment émergent, se stabilisent et fonctionnent les catégories scientifiques et les systèmes expérimentaux (Rheinenberger, 1997). En quoi les catégories scientifiques contemporaines informent-elles l’expérience et les consciences scientifiques ? Comment fabriquent-elles les phénomènes qui constituent la réalité objective dans laquelle nous vivons et agissons, sans que la plupart des individus ne s’en rendent compte ? Parvenons-nous à développer une culture scientifique capable de rendre cohérentes notre expérience sensible et notre connaissance rationnelle ? Comment allier l’analyse philosophique et la pratique scientifique en laboratoire pour envisager les enjeux que génèrent les connaissances scientifiques et leurs réalisations technologiques ?

Programme

Introduction : S Carvallo, C. Lacroute, F. Vernotte

Démonstrateur

I. Bachelard, la relativité et le temps : quelle actualité ?
Président de session : Peter Wolf, Labex FIRST TF - DR CNRS au SYRTE, observatoire de Paris
Au moment où il élabore la notion de phénoménotechnique, Bachelard publie en 1932 L’intuition de l’instant et en 1936 la Dialectique de la durée. Dans le cadre de son projet de philosophie scientifique, il analyse l’objectivité rationnelle et technique des sciences mais aussi leur objectivité sociale. Concernant le temps, il récuse une approche intuitive de la durée, au profit d’une intelligence critique de la rationalité scientifique et du formalisme algébrique de la relativité et de la microphysique en ce qu’ils donnent prise sur la réalité. Cette réalité peut être expérimentée aussi en musique, permettant de relier les trois domaines trop dissociés de la physique, de l’art et de la psychologie. Dans ce contexte, Bachelard destitue le temps de tout caractère absolu, et critique l’image de l’univers bloc pour penser un temps essentiellement lié à l’occurrence d’événements discontinus. Cette session vise à analyser la centralité (ou non) de la question du temps dans la physique contemporaine entre 1932-2022, et l’actualité des thèses épistémologiques bachelardiennes quant à l’évolution de la physique contemporaine.

9h30-10h : Pacôme Delva, Sorbonne Université, Observatoire de Paris-SYRTE
Métrologie des systèmes de référence spatio-temporels

10h-10h30 : Elie During, P Elie During, Département de philosophie, maître de conférences, IRePh (EA373), Université Paris Nanterre
L’algèbre du temps et ses modèles phénoménotechniques

11h-11h30 : Lucie Fabry université de Bourgogne :
La phénoménotechnique bachelardienne : un constructivisme rationaliste et technique

11h30-12h : Marie Pierre Lassus, université de Lille, maître de conférences HDR en musicologie
La musique ou les songes de l’air : Pour une théorie ondulatoire de l’alouette

II. Physique du temps et métaphysique
Président de session : Christophe Bouton, université Bordeaux Montaigne
Cette deuxième session vise à faire dialoguer des scientifiques et des philosophes autour du temps. Quelles sont les nouvelles formes d’interaction entre la science et la philosophie pour penser la durée, l’instant, le rythme, le présent ? Les sciences contemporaines appellent-elles un choix entre métaphysique, phénoménotechnique, sciences studies, philosophie analytique, ou une complémentarité ? En quoi l’actualité de la philosophie est-elle travaillée par l’épistémologie du temps ?

14h-14h30 : Marc Lachièze Rey APC
Les « effets temporels » en relativité et en cosmologie

14h30.-15h : Baptiste le Bihan, université de Genève
Une histoire philosophique de la disparition du temps physique

15h-15h30 : Gilles Cohen-Tannoudji, laboratoire de recherche sur les sciences de la matière (LARSIM), CEA, université de Paris-Saclay Phénoménotechnique du temps et cosmogonie scientifique

16h-16h30 : Pierre Martin-Dussauld, Penn State university
Le temps n’existe pas en microphysique

16h30-17h : Grandjean Vincent University of Oxford : Intuitions et science : l’impossible réconciliation sur la nature du temps ?

III. La phénoménotechnique du temps
Président de session : Mathieu Triclot, FEMTO-ST
Cette troisième session reprend une des notions les plus fécondes de la philosophie de Gaston Bachelard pour interroger la phénoménotechnique du temps. En quoi la science réalise-t-elle le temps que nous pensons et vivons ? Quelles sont les catégories scientifiques qui déterminent l’objectivité du temps, et notamment se transcrivent dans les systèmes de mesures internationaux du temps ? En quoi les objets scientifiques et les conditions expérimentales déterminent un système qui structure la culture matérielle des sciences et un espace commun de représentation ? Plusieurs scientifiques issus d’institutions et de pratiques de la physique différentes analysent la façon dont ils contribuent à fabriquer le temps en définissant ses unités de mesure, en le mesurant, ou en le certifiant. Des philosophes interrogent la responsabilité sociale des sciences en ce qu’elles déterminent cette structure fondamentale de notre monde et de nos existences.

9h-9h30 : Sébastien Bize, CNRS Observatoire de Paris
Accéder à une représentation objective du temps ? Les principes de réalisation des références de temps de la physique

9h30- 10h : Gianna Panfilo, BIPM
Temps universel ou temps international ?

10h30-11h : Clément Lacroûte, CNRS FEMTO-ST
De la phénoménotechnique à l'idéologie matérialisée : pourquoi la science fabrique-t-elle le monde ?

11h-11H30 : Olga Pombo, CFUL Lisbonne 
École et communauté scientifique. Leur fonction constitutive et transcendentale

11h30-12h : Discussion générale et conclusion

Ce colloque s’inscrit dans le cadre d’un projet interdisciplinaire financé par la Mission pour les Initiatives Transversales et Interdisciplinaires du CNRS, le Labex FIRST-TF, les laboratoires FEMTO-ST et Logiques de l’Agir de l’université de Franche Comté.

Le colloque se déroulera en présentiel et en distanciel. Inscription gratuite mais obligatoire, par mail auprès de Océane Gusching.
Le lien zoom du colloque sera transmis ultérieurement aux inscrits en distanciel.

 
  © Jacky Frossard

 

Inscription
Lieu
MSHE Ledoux (27/10) et UFR SLHS, grand salon (28/10)
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