La ville de Salins-les-Bains dans le Jura est engagée dans le programme national de revitalisation des centres-bourgs avec pour objectif d’enrayer le déclin économique et démographique de la commune. Les porteurs salinois de ce projet « Salins 2025 » ont sollicité l’expertise de la MSHE C-N. Ledoux. Une équipe pluridisciplinaire de chercheurs (1) associés à la MSHE, accompagne donc la démarche de la ville depuis janvier 2017 et pour une durée de deux ans. Cette recherche-action-formation prend place dans l’action « ORTEP revitalisation » de la MSHE Ledoux, soutenue par la région Bourgogne Franche-Comté. Son objectif est de co-produire avec les acteurs locaux un ensemble d’outils qui leurs permettent de construire une perspective stratégique de développement. Il s’agit de renforcer la vision d’ensemble qui soutient le projet « Salins 2025 » afin de mieux coordonner les opérations de revitalisation et de les inscrire dans une dynamique pérenne.
Un groupe d’accompagnement stratégique a d’abord été initié puis des sous-groupes de travail thématique ont progressivement émergé. Chaque groupe est composé d’élus de la ville, de techniciens, de chercheurs et de Salinois – Salinois étant entendu comme « usagers » de la ville : il peut s’agir d’habitants ou de personnes venant y travailler quotidiennement. Au sein de ces groupes, les compétences sont complémentaires : les élus s’appuient sur leurs légitimité politique, les techniciens apportent leurs compétences techniques, les Salinois font valoir leur expérience d’usagers de la ville et les chercheurs interviennent avec leurs expertises pluridisciplinaires ; mais les compétences de tous ces acteurs ont la même valeur. En ce sens, les chercheurs ne se situent nullement dans une position de conseils vis-à-vis des acteurs locaux, mais revendiquent une posture d’accompagnement. Ainsi, ils qualifient les groupes constitués de « communauté d’enquêteurs », en faisant référence à la philosophie pragmatiste : tous les acteurs se confrontent ensemble aux difficultés rencontrées par la ville, ils mènent une « enquête » pour surmonter le déclin et trouver des pistes pertinentes de revitalisation.
Les communautés d’enquêteurs thématiques sont actuellement au nombre de trois :
- Un premier groupe travaille sur les jardins et les terrasses. Alors que beaucoup sous estiment la place des jardins à Salins, le groupe s’attache à répertorier et réfléchir aux manières de mettre en valeur ces espaces, parfois en friches et très souvent en terrasse compte tenu de la morphologie de la ville très encaissée.
- Un second groupe réfléchit aux « cheminements » au sein de la ville, quelle que soit leur logique ou leur forme, de manière à caractériser des mouvements qui contrebalancent « l’effet tunnel » dû au transit dans la partie centrale de la ville. Toutes les formes de circulations, qu’elles soient motorisées, à pied, à vélo… ainsi que toutes les formes de public sont prises en compte.
- Un troisième groupe concentre ses recherches sur la question des vitrines. L’objectif n’est pas seulement de pallier aux désagréments des devantures vides et des locaux commerciaux désaffectés, par exemple en implantant des décors fictifs comme cela se fait dans d’autres villes, mais d’identifier les ressources que constituent ces espaces désaffectés. Dans ce groupe, la réflexion se situe au niveau du territoire du bassin de vie salinois : qu’est-ce que l’on donne à voir ? Comment ? Et à qui ? La vitrine est un objet physique ou symbolique à partir duquel le groupe de travail souhaite valoriser des activités, des savoir-faire, des atouts voire des opportunités pour innover et redonner de l’attractivité à Salins.
Tous les acteurs impliqués dans les groupes de travail sont associés à l’ensemble des tâches, du recueil des données à leurs analyses et à la production d’actions ou de prototypes. La plate-forme technologique de la MSHE joue à ce titre un rôle central dans le projet puisque l’ensemble des données et des informations sont recueillies lors des ateliers, sur le terrain ou à partir de supports documentaires grâce à ses équipements, puis elles sont spatialisées et référencées à l’aide d’un SIG (système d’information géographique) dans son infrastructure de données spatiales. L’ensemble de la communauté d’enquêteurs contribue donc à créer un cadre d’analyse commun, apte à prendre en compte la richesse des points de vue, comme une véritable intelligence territoriale au service du développement local.
(1) L’équipe est composée de Christian Guinchard, maître de conférences HDR en sociologie (laboratoire LASA, UBFC), Cyril Masselot, maître de conférences en information-communication (laboratoire CIMEOS, UBFC), Alexandre Moine, professeur de géographie (laboratoire Théma, UBFC), Sophie Némoz, maître de conférences en sociologie (laboratoire LASA, UBFC), Laure Nuninger, chargée de recherche CNRS en archéologie spatiale (laboratoire Chrono-environnement, UBFC).
(1) L’équipe est composée de Christian Guinchard, maître de conférences HDR en sociologie (laboratoire LASA, UBFC), Cyril Masselot, maître de conférences en information-communication (laboratoire CIMEOS, UBFC), Alexandre Moine, professeur de géographie (laboratoire Théma, UBFC), Sophie Némoz, maître de conférences en sociologie (laboratoire LASA, UBFC), Laure Nuninger, chargée de recherche CNRS en archéologie spatiale (laboratoire Chrono-environnement, UBFC).